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L'entrepreneur
individuel à responsabilité limitée (EIRL) est un
régime qui s'adresse aux entrepreneurs individuels qui
décident de limiter l'étendue de leur
responsabilité en constituant un patrimoine d'affectation,
dédié à leur activité professionnelle, sans
constituer de société. Il ne s'agit pas d'une
nouvelle forme juridique.
L'EIRL
reprend les caractéristiques de l'entreprise individuelle
mais s'en distingue sur deux points :
- l'étendue de la responsabilité,
- la possibilité d'opter, dans certains cas, pour
l'impôt sur les sociétés.
les nouveaux
entrepreneurs individuels,
les entrepreneurs
individuels existants,
y compris, les auto-entrepreneurs, qu'ils exercent une
activité commerciale, artisanale, agricole ou libérale.
Contrairement à l'entreprise
individuelle classique, le patrimoine personnel du chef
d'entreprise n'est pas engagé.
Il crée un patrimoine professionnel, appelé patrimoine
d'affectation, qui seul peut être saisi en cas de
difficultés :
- par les créanciers professionnels dont les droits sont
nés postérieurement à la déclaration
d'affectation,
- par les créanciers dont les droits sont nés
antérieurement à celle-ci, sous certaines conditions.
Composition du patrimoine d'affectation
L'entrepreneur fait une déclaration en désignant un patrimoine appelé "patrimoine d'affectation" ; il ne peut en déclarer qu'un seul mais ce patrimoine d'affectation peut avoir un objet suffisamment large pour concerner des activités connexes.
Précision : à compter du 1er janvier 2013, il sera possible d'avoir plusieurs patrimoines d'affectation.
Il doit affecter
à ce patrimoine :
- obligatoirement, tous les biens, droits,
obligations, sûretés qui sont nécessaires à
l'activité de l'entrepreneur et dont il est titulaire,
- facultativement, les biens, droits, obligations, sûretés
qu'il utilise dans le cadre de son activité.
Précisions :
- Les biens nécessaires à
l'activité sont les biens indispensables à celle-ci,
qui, par nature, ne peuvent être utilisés que dans le cadre
de l'activité professionnelle et qui y sont exclusivement
affectés.(par exemple, un fonds de commerce ou le droit de
présentation d'une clientèle, un droit au bail, du
matériel et de l'outillage spécifique tel qu'une
scieuse pour un menuisier, des installations et biens
d'équipement servant spécifiquement à
l'exercice de l'activité professionnelle comme le
standard téléphonique).
- Les biens utilisés dans le cadre
de l'activité ne sont pas des biens nécessaires par
nature ; ils peuvent être des biens à usage mixte
(professionnel et privé), comme par exemple un local
d'habitation ou un véhicule.
En cas d'affectation d'un bien commun ou
indivis, l'accord exprès de son conjoint ou coindivisaire
est requis, ainsi que son information préalable sur la
portée de l'engagement du fait de l'entrée du
bien dans le patrimoine affecté.
L'entrepreneur individuel existant qui décide de constituer un patrimoine d'affectation, sera imposé le cas échéant sur les plus-values professionnelles au titre des biens qu'il affecte à ce patrimoine.
Evaluation du
patrimoine
En principe, chaque élément de ce patrimoine
affecté doit être évalué par
l'entrepreneur, à la valeur vénale ou, en
l'absence de valeur de marché, à la valeur
d'utilité.
Mais, tout bien autre que des liquidités d'une valeur
supérieure à 30 000 € doit être
évalué par un commissaire aux comptes, un
expert-comptable, une association de gestion et de comptabilité,
ou par un notaire (uniquement pour un bien immobilier).
Forme et
contenu de la déclaration
La création d'un patrimoine d'affectation implique de
faire une déclaration. Celle-ci doit préciser l'objet
de l'activité à laquelle le patrimoine est
affecté, un état descriptif des biens affectés
à l'activité professionnelle (en nature,
qualité, quantité et valeur), et le cas
échéant le rapport d'évaluation et
l'accord exprès du conjoint ou du co-indivisaire.
L'affectation d'un bien immobilier doit faire l'objet
d'un acte notarié publié au bureau des
hypothèques.
A noter :
. un modèle de déclaration d'affectation sera
gratuitement remis par les CFE.
. un modèle d'accord du conjoint ou des coindivisaires sera
remis gratuitement par les CFE.
Obligations
déclaratives
La déclaration d'affectation est déposée par
l'entrepreneur au centre de formalités des entreprises (CFE)
qui se chargera de la transmettre :
- au Registre du commerce et des sociétés (RCS) pour les
commerçants,
- au Répertoire des métiers (RM) pour les artisans,
- au registre tenu par la chambre d'agriculture pour les
exploitants agricoles,
- au Registre spécial des agents commerciaux (RSAC) tenu au
greffe du tribunal de commerce pour les agents commerciaux,
- au greffe du tribunal de commerce pour les auto-entrepreneurs
dispensés d'immatriculation et pour les professionnels
libéraux (ou pour ces derniers, au tribunal de grande instance en
Alsace-Moselle).
Si l'activité fait l'objet d'une double
immatriculation RCS et RM, l'entrepreneur individuel choisit le
registre sur lequel il souhaite déposer sa déclaration.
Coût
des formalités
A la
création : si la déclaration d'affectation est
simultanée à la demande d'immatriculation au
répertoire de métiers pour les artisans, au registre du
commerce et des sociétés pour les commerçants, au
registre spécial des agents commerciaux pour ces derniers, la
formalité de dépôt sera gratuite. Seuls seront dus
les frais d'immatriculation de l'entreprise
au registre de publicité légale.
Le dépôt de la déclaration sera payant pour les
auto-entrepreneurs dispensés d'immatriculation (42,14 euros
pour une personne exerçant une activité artisanale
accessoire sans être immatriculée au Répertoire des
métiers; 56,16 euros pour les commerçants non
immatriculés au RCS) et les professionnels libéraux (56,16
euros).
En cours de vie de l'entreprise individuelle : si le dépôt de la déclaration se fait ultérieurement, des frais seront dus (42,14 euros pour les personnes exerçant une activité artisanale; 55,82 euros pour les commerçants et 56,16 euros pour les auto-entrepreneurs et professionnels libéraux).
Précision : en cas de
double immatriculation, des frais supplémentaires sont
demandés pour notifier la déclaration d'affectation
à un autre registre.
Obligations en cours de vie de l'EIRL
L'EIRL doit
utiliser une dénomination incorporant son nom
précédé ou suivi de la mention "entrepreneur
individuel à responsabilité limitée" ou le sigle
EIRL, pour l'exercice de son activité professionnelle, y
compris sur tous ses documents commerciaux. A compter du 1er janvier
2013, l'EIRL qui aura plusieurs patrimoines affectés, devra
utiliser une dénomination distincte pour chaque patrimoine
affecté.
L'EIRL doit
ouvrir un ou plusieurs compte(s) bancaire(s) exclusivement
dédié(s) à l'activité professionnelle
visée par la déclaration d'affectation.
L'EIRL doit
tenir une comptabilité autonome ; il est soumis aux règles
comptables de la comptabilité commerciale (même si
l'activité exercée relève des BNC).
Toutefois, les micro-entrepreneurs auront des obligations comptables
simplifiées restant à fixer par décret.
Il doit publier
ses comptes annuels, auprès du registre où il a
déposé sa déclaration d'affectation
(coût à préciser).
Ce dépôt a pour effet d'actualiser la composition et
la valeur du patrimoine affecté.
Principe
L'entrepreneur est imposé à l'impôt sur le revenu (IR) dans la catégorie des bénéfices industriels et commerciaux (BIC) s'il est commerçant/artisan, des bénéfices non commerciaux (BNC) s'il est professionnel libéral.
Option possible
L'entrepreneur individuel ayant déclaré un patrimoine d'affectation peut opter pour l'impôt sur les sociétés (IS). Cette option est irrévocable.
Attention,
cette option n'est pas ouverte aux entrepreneurs individuels
relevant du régime fiscal de la micro-entreprise (dont les
auto-entrepreneurs).
L'EIRL relève du régime social des travailleurs non-salariés.
La
base de calcul des cotisations sociales varie selon l'impôt
sur les bénéfices dont relève l'EIRL :
- Si l'EIRL est imposé à l'IR, les cotisations
sont calculées sur le bénéfice imposable de
l'entreprise incluant la rémunération de
l'exploitant.
Si l'EIRL bénéficie du régime micro-social,
ses cotisations seront calculées sur la base de son chiffre
d'affaires.
- Si l'EIRL est imposé à
l'IS, les cotisations sont calculées sur la
rémunération nette de l'entrepreneur. Cette
rémunération intègre également la part des
revenus de capitaux mobiliers supérieure à 10 % de la
valeur du patrimoine affecté, ou à 10 % du
bénéfice net, si ce bénéfice est
supérieur au patrimoine affecté.
Pas
d'acquisition de droits à l'assurance chômage au
titre de l'activité non salariée, mais
possibilité de souscrire une assurance personnelle.
Possibilité
pour le conjoint ou le partenaire pacsé qui participe à
l'activité d'opter pour le statut de conjoint
collaborateur s'il en remplit les conditions ou de conjoint
salarié.
Possibilité
de cotiser à un régime complémentaire facultatif
d'assurance vieillesse,
d'invalidité-décès et de retraite
complémentaire.
Le
patrimoine d'affectation peut être transmis dans son
intégralité.
Dans ce cas, les conséquences varient selon qu'il est
transmis à une personne physique ou à une personne morale.
Précision : dans les deux cas, le patrimoine
affecté n'est pas liquidé.
Transmission
à une personne physique
Dans le cas d'une cession de l'entreprise à une
personne physique, le patrimoine d'affectation est repris par
l'acheteur.
Transmission
à une personne morale
Dans le cas d'une cession de l'entreprise à une
personne morale, le patrimoine d'affectation est transmis mais
l'affectation n'est pas maintenue.
Les biens constituant le patrimoine
d'affectation peuvent être transmis également
isolément.
Dans ce cas, les règles propres
à la nature des biens vendus s'appliquent.
Exemple: respect des règles relatives à la
cession d'un fonds de commerce, à la cession d'un droit
au bail, d'un brevet, etc.
Limitation du
patrimoine servant de gage aux créanciers.
Simplicité de gestion en ce qui concerne la prise de
décision.
Option pour
l'IS sous certaines conditions, mais option irrévocable.
L'EIRL peut constituer des réserves qui ne sont pas
assujetties aux charges sociales, s'il opte pour l'impôt
sur les sociétés.
Formalisme plus
important qu'en entreprise individuelle.
Coût de
constitution du patrimoine affecté (frais liés à
l'information des créanciers, honoraires des professionnels
de l'évaluation, paiement d'impôt sur les
plus-values professionnelles le cas échéant en cas de
passage par les entrepreneurs existants en EIRL).
Coûts de
fonctionnement de l'EIRL (frais de tenue de comptabilité,
dépôt annuel des comptes, frais de gestion du compte
bancaire dédié).
Passage en
société tout aussi contraignant qu'en entreprise
individuelle "classique", en cas de développement de
l'activité.
articles
L526-6 à L526-21 du code de commerce
article 273B
du livre des procédures fiscales
articles
L131-6-3 et L133-4-7 du code de la sécurité sociale
Consulter le
site d'informations sur l'EIRL : www.eirl.fr
Vous pouvez également vous rapprocher d'un réseau d'accueil et d'accompagnement de créateurs d'entreprises, d'un commissaire aux comptes, d'un expert-comptable, d'une association de gestion et de comptabilité, d'un notaire ou d'un avocat.